La fin du système ?

Publié le par Le Mendiant

Tout le monde a joué ?  Les mises sont faites ? Rien ne va plus!

A force d'avoir confondu investissements productifs et spéculation, à force d'avoir martelé aux principaux acteurs que l'avidité n'était plus seulement glorieuse (le fameux « greed is good » lancé par Gordon Gekko dans le film Wall Street) mais indispensable pour survivre, à force d'avoir étalé le bling-bling sur la voie publique au point de confondre politique et show-biz, le système bancaire s'est transformé en cirque et les décideurs en clowns pathétiques. 

Mais c'est ainsi que les financiers pourraient réussir là où les bonnes volontés ont échoué...

Rappelons-nous ce que disait la bibliothécaire à Samuel: « Le système est comme la pollution dont parle Hubert Reeves : non pas un gros problème mais six milliards de petits problèmes ! Évidemment, il ne sert pas à grand-chose de s’y attaquer frontalement. Suivant le principe de l’aïkido, il conviendrait plutôt d’utiliser son énergie afin de l’orienter dans une direction plus positive. Et l’énergie du système, c’est l’argent. C’est par l’argent que nous pouvons vaincre ! » (1)

C'est bien par l'argent que nous allons vaincre – et sans violence s'il vous plait – mais les financiers se seront sabordés seuls!  Car l'énergie du système, c'est l'argent et la crise actuelle est avant tout  une crise des liquidités. Plus d'argent... plus de système!

S'en est déjà finit de la doctrine néolibérale selon laquelle le marché s'autorégule et trouvera toujours la solution si on le laisse tranquille.  En l'occurrence, pour assurer sa subsistance, le marché en est réduit à mendier l'intervention de l'Etat. « A vot' bon coeur, Msieurs-Dames les contribuables! »

Interloqués et en dépit des commentaires alarmistes des experts et journalistes, les citoyens rechignent pour le moment à pratiquer la générosité à l'égard d'institutions qui se sont mises elles mêmes dans le pétrin.  N'est-on pas toujours pauvre par sa propre faute ? N'est-ce pas cela le Darwinisme social, la loi de la jungle si chère au système ? Pour une fois que ce sont les banques qui ont des fins de mois difficiles, on ne va quand même pas bouder notre plaisir!

Mais on ne nous laissera probablement pas le choix et c'est un gros chèque qui sera finalement placé dans la sébile.  Dans nos contrées, la générosité est le plus souvent forcée...

Nous aurions rêvé d'une telle mobilisation des politiques à l'égard de la crise alimentaire et de la faim dans le monde mais les 700 ou 1000 milliards de dollars iront une nouvelle fois en direction des plus riches. C'est le système qui veut cela. Dernier sursaut avant de s'écrouler sous le poids de ses excès ?

Bien sûr, un certain conditionnement nous pousse à espérer à un sauvetage in-extrémiste. Ne nous annonce-t-on pas chômage et faillites en pagaille avec au bout du compte le spectre de la récession ? Voilà qui ne serait vraiment pas raisonnable! Le dogme de la croissance à tout prix ne peut disparaître sans heurt ni grincements de dents.

D'un autre côté, quelques neurones fièrement indépendants constatent que cette crise a mis fin à la spéculation sur les denrées alimentaires, que le prix du baril de pétrole baisse... De là à se demander si les pauvres ne se trouveraient pas mieux sans financiers, banque mondiale ou FMI...

Mais voilà qu'à nouveau l'intelligence se manifeste: « Non, ce n'est pas vrai, tout le monde bénéficie de la croissance! Il faut de la croissance pour résoudre la faim dans le monde »

Ce à quoi les neurones répondent: « Il faut surtout une volonté politique et une meilleure répartition des richesses. Une croissance infinie est impossible dans un monde fini! »

- Cela, je veux bien l'admettre, dit l'intellect, il n'empêche que sans croissance, le prix de l'immobilier risque de chuter et j'aurais encore plus de mal à vendre mon appartement... Déjà que les banques ne veulent plus prêter aux acheteurs...
- Tu ne devrais pas trop réfléchir en fonction de tes intérêts particuliers, répliquèrent les neurones, ce n'est pas très charitable. Regarde plutôt vers l'intérêt collectif et n'oublie pas que ta première richesse est ton cerveau!
- Je suis bien placé pour le savoir, maugréa l'intellect. Reste que des milliers de personnes vont se retrouver au chômage!
- La période risque en effet d'être difficile. Changer ses habitudes l'est toujours. Raison de plus pour anticiper et accompagner le changement. Il faut agir et non réagir!
- Et que comptez-vous faire ? Vous n'êtes que quelques neurones ? 
- Oui mais nous sommes libres et éveillés et cela nous donne quelques avantages pour réfléchir! Comment pourrions-nous souffrir d'une récession alors que nous sommes adeptes de la simplicité volontaire, que nous avons apprit à dire « non » à la tyrannie de la force et de la performance ?
- Sauf qu'en l'occurrence, la simplicité risque d'être forcée!  C'est la décroissance qui se profile, pas une philosophie de la joie de vivre!
- A défaut d'être objecteur de croissance, il vaudrait mieux en effet avoir fait le choix de la simplicité assumée. Alors on comprendrait que cette crise est la chance de passer à autre chose!
- A quoi ?
- A un système où l'homme sera enfin au cœur des enjeux et des décisions, où l'argent sera un outil et non une fin en soi. Chacun sentait bien, au fond de lui, que quelque chose ne tournait pas rond… Plus ou moins consciemment, nous étions tous dans l’attente de l’événement qui nous libérerait enfin du système. Il est paradoxal que cela vienne des banquiers mais bon. A jouer avec le feu, il y a toujours risques d'incendie... Le système avait l’air terrible mais c’était en réalité un tigre de papier... et il a finit par prendre feu!
- Mais qu'est-ce que je dois faire, moi, pour ne pas me brûler ?
- Tu devrais revenir aux fondamentaux – l'amour, l'amitié, la santé, le respect – et traiter les objets matériels avec un peu moins de sérieux. C'est l'avidité qui a perdu le système. C'est la pondération qui sauvera l'homme occidental!
- Mais je risque de perdre mon travail!!!
- Eh bien tu en retrouveras un autre et, si ça se trouve, tu t'y épanouiras davantage! Tiens, nous avons lu ça dans la nouvelle version du petit conte écologique qui circule sur internet:


D’un travail tripalium, on finit par passer,
A des emplois de rêves où nul n’est stressé.
Enthousiasmes, passions, énergies se mêlèrent,
Et des milliers de gens un emploi se créèrent.

Un vent de courage, de solidarité,
Submergea le pays jusque dans les cités ;
Des initiatives partout se développèrent.
Pour aider les plus faibles à vaincre la misère.(2)



- C'est très joli mais est-ce réaliste, s'interrogea l'intellect.
- C'est cela ton problème, répliquèrent les neurones, tu raisonnes trop et tu en oublie de vivre... Tout cela reste un rêve mais c'est pourquoi il est enthousiasmant de le poursuivre!  Il faut profiter de la crise financière pour changer le paradigme du système!  Il faut interagir et créer de nouveaux stimuli! Il faut convaincre les autres neurones de nous rejoindre! Il faut réveiller l'intelligence créatrice qui sommeille en nous! 

C'est ainsi, en pleine effervescence que les neurones quittèrent l'intellect. Espérons qu'ils soient très heureux et aient beaucoup d'enfants...


Notes:
1. Benoît Saint Girons, Le Mendiant et le Milliardaire, Editions Dangles, 2007
2. Benoît Saint Girons, De l'air!, dernière version du conte écologique toujours disponible gratuitement...


Publié dans REFLEXIONS

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I
nous ne tolerons plus de subir ce ke les anciens on dépenser ,ke la jeunesse s'éveille enfin,profitons de la crise pour rassembler smicard mere au foyer et mere au boulot ,jeune retraité...pourtant le peuple subit ke pouvons nous faire réellement ?ils faut rassembler mais comment?nous ne sommes pas intellect mais de reel combattant du systeme ert cherchons a nous impliquer davantage 
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