Super Sarko contre la crise...

Publié le par Le Mendiant

RMC. Les "Grandes gueules". Lundi 27 octobre vers 12h30.

La question existentielle du jour : « Sarkozy doit-il rester président de l’UE en janvier 2009 ? »

Unanimement, sur le plateau, la réponse est « oui ! » et certains de ceux qui le honnissaient hier semblent lui reconnaître désormais presque toutes les qualités…  Sarkozy n’a-t-il pas démontré ces dernières semaines – en dépit d’un honteux piratage de son compte bancaire – à quel point il maîtrisait la situation bancaire ? N’a-t-il pas acquis la stature d’un chef d’Etats au pluriel ? Au détour de la discussion, le voilà même estampillé « Père rassurant de la Nation »…

Tant pis pour les règles de l’Union qui prévoient – c’est sans doute regrettable mais c’est pour le moment comme cela – un roulement de présidence tous les six mois : mieux vaut un puissant Français à la tête de l’Union qu’un pauvre Tchèque ! A situation exceptionnelle remèdes de crise : les pleins pouvoirs à Sarkozy !

Retrouvons un peu nos esprits et essayons de remettre quelque peu les choses en perspectives…

Pour commencer, notre super Président ne fait jamais que son boulot de Président de l'Union Européenne. S’il passe moins inaperçu que ses prédécesseur, c’est d’abord une question de timing ! S’il a réussi à s’approprier le plan de Gordon Brown, c’est d’abord parce que le premier ministre britannique y a pensé ! S’il réagit, c’est qu’il n’a pas d’autre choix !  Il est de toute manière moins risqué du point de vue politique de s’occuper de l’Europe que de la France…
 
Plus fondamentalement, il ne faudrait pas non plus oublier que c'est l'idéologie sarkozienne du « toujours plus » qui a plongé le système financier dans la crise et que Sarkozy, pour ne citer qu’un exemple, était il y a encore quelques mois un farouche partisan de l'extension des prêts hypothécaire qui ont fait les dégâts que l'on sait de l'autre côté de l'Atlantique…
 
Il est sans doute très opportuniste – certains disent pragmatique – de modifier son discours en fonction de la direction de la bourse et de généreusement distribuer à coups de centaines de milliards l'argent du contribuable qui n'existait pas une semaine plus tôt mais cela ne saurait garantir un changement de caractère ou d'idéologie. Si Sarkozy est désormais rangé par certains dans le camp socialiste (la boutade de Hugo Chavez), il est toujours loin de la posture du sage qui rassure justement du fait de sa constance et de son détachement!  Vouloir être dans le vent, comme le disait Chirac, est surtout une ambition de feuilles mortes…
 
Il peut apparaître courageux – surtout en ce moment – de vilipender le méchant Luxembourg ou les financiers irresponsables mais qu'à fait Sarkozy pour trouver les 5 milliards nécessaires sur trois ans pour résoudre la faim dans le monde ?  Strictement rien et près de 20 000 enfants continuent de mourir chaque jour dans le monde dans l’indifférence des décideurs. Ce n’est pas le même sujet ?  Je ne vous le fait pas dire : c’est autrement plus urgent et important que de garantir les trains de vie des puissants !
 
La posture sarkozienne de maître du monde financier est donc non seulement futile (la crise est loin d'être terminée comme devrait nous le rappeler prochainement les hedge funds) mais indécente au regard des véritables enjeux de l'homme et de la planète.
 
Aider les plus riches rassure peut-être dans une certaine mesure les peuples occidentaux mais il ne s'agit que de cosmétique et, en attendant, le système est conforté dans ses excès. Le yoyo des marchés atteste que les spéculateurs sont toujours à la manœuvre...
 
Il est donc choquant que l'on puisse imaginer reconduire Sarkozy à la tête de l'Union au prétexte qu'il pratique la gesticulation dynamique et a dégainé le carnet de cheque. Pour résoudre la crise des puissants, mieux vaut évidemment un puissant, ami des grands patrons et des stars du show-biz qu’un pauvre Tchèque (en bois ?) mais, entre-nous, est-il vraiment raisonnable de confier au système le soin de réformer le système ?
 
Les temps sont et vont être durs pour un certain nombre de citoyens mais ce n'est rien au regard des inégalités qui existent à l'échelle de la planète. Sœur Emmanuelle était surprise de voir à quel point les occidentaux étaient dans le mal-être alors que les pays pauvres respiraient la joie de vivre et il suffit de voyager pour le constater en effet: un peuple obnubilé par son pouvoir d'achat ne peut être que triste!
 
« En chinois, le mot crise est formé de deux caractères. L’un représente le danger. L’autre l’opportunité » disait J. F. Kennedy. Comme je le relatais dans mon article « La fin du système ? », quelques uns de mes neurones ne peuvent s'empêcher de considérer cette crise comme une occasion de passer vraiment à autre chose.

Mais c’est mal parti ! Le message envoyé ces dernières semaines aux financiers est en effet que, quelque soient leurs errements, les états seront toujours là pour les sauver. Pour les banques – et pour les banques seulement – les caisses ne seront jamais vides ! 

Encore plus ennuyeux, la réaction – compréhensible mais néanmoins pathétique  – de la majorité des neurones : « L’Etat doit sauver les banques pour sauvegarder mes économies ! »  La peur, mauvaise conseillère, ira toujours dans le sens du système…

Le chômage augmente ?  Mais évidemment puisque les entreprises ont désormais tout le loisir de prendre le prétexte de la crise pour licencier à titre « préventif » !  Gouverner, c’est prévoir et si cela va dans le sens de plus d’économies et de moins de salaires, ce sera tout bénéfice pour les actionnaires !

C’est le constat de Jean-Jacques dans le conte écologique – toujours gratuit – De l’air ! :

« Durant toute une période, on privilégia la valeur boursière aux investissements productifs. Les financiers portèrent au pinacle des patrons «Cost Killers», des tueurs de coûts qui devinrent tueurs tout court lorsque des salariés se suicidèrent pour cause de harcèlement ou de surcharge de travail. Moins radical mais tout aussi pernicieux : le gel des salaires poussa les consommateurs à rechercher les prix les plus bas, encourageant du même coup les entreprises à continuer dans la voie de la prédation… […] En amont, les publicitaires furent chargés de transformer les citrouilles en carrosses, d’encourager l’avidité des consommateurs et de faire passer tous ceux qui n’avaient pas les derniers gadgets pour de misérables cendrillons. Dans le même temps, en aval, on favorisa le crédit à la consommation : « Profitez maintenant, payez plus tard. Ça ira mieux demain. Carpe diem ! » Un niveau élevé de chômage et d’endettement assurait la docilité des salariés tandis que la Sécu prenait en charge les somnifères et les séances chez le psy. Le cercle vicieux – qualité, coûts, salaires, prix, moral et santé au plus bas – était enclenché, renforçant inéluctablement le système… »

Voilà le système ce qui a conduit à la crise que nous connaissons et voilà pourquoi un sursaut des neurones est nécessaire. Mais ce n'est évidemment pas avec Sarkozy "bling bling" aux commandes que nous changerons de paradigme…

Le Mendiant

Publié dans REFLEXIONS

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J
bravo pour ces pertinentes déductions. la lutte pour un meilleur est toujours de vigueur. a très bientôt.
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